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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/181

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tat, & la punition de votre foibleſſe ; un mari, que jamais vous ne pourriez nommer, ſans attirer ſur lui les regards du mépris ; un royaume auquel nous nous ſerions donnés en ſpectacle, & qui ne nous verroit rentrer dans ſon ſein qu’avec la répugnance qu’inſpirent les criminels.

„ Voilà l’abyme d’ignominie où la paſſion nous conduiroit, ſi nous écoutions ſes pernicieux conſeils… Pardon. J’ai tort d’appuyer ſur ces détails humiliants, comme ſi je doutois de la délicateſſe de vos principes ; comme ſi vous ne m’en aviez pas donné la plus étonnante preuve, lors même que vos paroles ſembloient les démentir. Non, malgré le langage que vous a dicté la compaſſion, je ne puis vous méconnoître. Celle qui a pu triompher, dans l’ombre du ſecret, de ce que l’amour a de plus redoutable, n’eſt pas faite pour ſacrifier ouvertement ſes devoirs, pour braver, avec éclat, les préjugés & la cenſure… Chere & reſpectable fille ! combien vos vertus ajoutent à mes regrets !… Plaignez-vous, plaignez-moi, ne m’oubliez point, & ſoyez ſûre que rien ne dédommagera mon cœur du renoncement auquel on le condamne.