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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/182

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„ Je paſſe ſur l’effet que cette lettre produiſit en moi : il fut horrible. Un mal de tête réel, & dont j’exagerai la violence, me procura la liberté de m’enfermer dans ma chambre, où je ſoulageai ma douleur par ce que vous allez lire.„

Mlle. d’Aulnai au Chevalier de Murville.

„ Je connoiſſois aſſez Madame de Rozane, pour n’avoir pas été fort furpriſe de ſon refus ; mais je ne vous connoiſſois pas, quand je vous croyois incapable d’être rebuté par un premier obſtacle. Eſt-ce vous, Murville, qui, m’aimant hier avec idolâtrie, m’annoncez tranquillement aujourd’hui, qu’il faut renoncer à l’eſpoir de nous unir ? Eſt-ce à cette fille, dont ton amour effréné vouloit faire une victime d’infamie, que tu prodigues ta froide & inutile morale ?… Oui, je ne ſaurois m’y méprendre. Voilà les caracteres de ta main : ces caracteres chéris que je mettois ſur mon cœur, dont je compoſois mon tréſor… C’eſt la même écriture ; mais tu n’es plus le même homme ! Vingt-quatre heures ont ſuffi pour opérer la métamorphoſe !… Il faut en convenir, je ne m’y attendois pas.

„ Tout eſt donc changé ? tout eſt dé-