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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/183

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truit, juſqu’à la confiance que tu prenois en mes paroles ? Tu dis qu’elles étoient en contradiction avec mes ſentiments, lorſque je t’offrois de quitter la France. Tu prétends que… Mais il n’eſt pas vrai que tu le croies. Tu es bien sûr, au contraire, que je t’aurois ſuivi à l’extrémité du monde, ſans rien regretter, ſans rien deſirer, que la poſſeſſion de ta tendreſſe.

„ Tu ne veux pas fuir la tyrannie, tu m’en allegues, pour raiſon, l’honneur : grand motif, ſans doute ! Eh, le connois-tu, pour oſer en faire parade avec moi ? Sais-tu que l’honneur véritable ne permet pas de chercher ſon plaiſir dans ce qui doiſ faire la honte & le tourment des autres ? de venir attaquer, avec toutes les armes de la ſéduction, une créature ſimple & tendre juſques dans le ſanctuaire de l’innocence, pour l’abandonner indignement à ſon déſeſpoir ? Foible Murville ! qui n’établit ſa propre eſtime que ſur l’opinion générale, & non ſur le témoignage de ſa conſcience !… Tu me fais pitié ! Parle, me crois-tu ſuſceptible d’une foibleſſe pareille ? Eſt-ce pour dédommager ma vanité des pertes de mon cœur, que tu fais, avec emphaſe, l’apologie de ma vertu ? Va, je ne me laiſſe pas aveugler par une vaine fumée. Si j’avois