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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/191

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Mais à l’inſtant que ma fierté me preſcrivoit cette conduite, mon cœur, ſoulevé contre elle, aimoit avec fureur l’ingrat qu’il ne m’étoit plus poſſible d’eſtimer.

„ Au milieu de ces incertitudes, qui n’étoient pas ſans mélange de douceur, j’attendis… Votre retour à la vie éclaircit ma deſtinée… Je connus que j’étois marquée du ſceau de la mort. Murville ſe donna la peine de m’en prononcer l’arrêt.

„ J’ignorois votre mariage, je le croyois même encore éloigné, quand je reçus la lettre que voici. „

M. de Murville à Mademoiſelle d’Aulnai.

„ Je prends la plume… Je m’arrête… Je frémis… Qu’allez-vous penſer d’un homme, qui, vous ayant juré mille fois une confiance éternelle, vient cependant de s’unir à une autre ? Il ne m’a pas été permis de choiſir la main dont j’aurois voulu recevoir ma fortune : c’eſt de votre ſœur que je la tiens ; c’eſt avec elle que j’ai formé de triſtes nœuds… Que de victimes dans un ſeul ſacrifice ! Je m’arrache à ce que j’adore. J’épouſe une femme qui ne m’inſpire rien, & qui,