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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/195

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erreur, & cette erreur me décida. Je ſavois qu’il ne vous avoit pas vue ; j’attribuois ce retardement aux efforts qu’il étoit obligé de ſe faire pour vous rejoindre… C’en fut aſſez pour que je volaſſe au devant de la conſolation dont je lui ſuppoſois le beſoin… J’écrivis avec tant de ménagement, qu’il ne m’échappa ni plainte ni reproche… Je l’invitois à venir mêler ſes larmes aux miennes… Je lui diſois ce qu’un violent amour, déguiſé ſous le nom de l’amitié, peut inſpirer de plus touchant… Je deſirois de le voir, d’entendre encore le ſon de ſa voix,… de l’aimer, de le lui dire,… de l’en convaincre par tout ce dont j’étois capable…

„ Ne croyez pas, cependant, que je me ſois jamais avilie au point de vouloir uſurper vos droits. En vous épouſant, Murville avoit ceſſe d’être un homme pour moi : c’étoit une divinité que j’idolâtrois. Ses ſeuls regards pouvoient répandre quelque ſérénité ſur mes jours ; mais je l’aurois abhorré, comme objet d’une liaiſon dont le crime auroit ferré les nœuds. Je m’abuſois, direz-vous : cela peut être, je n’en ſais rien ; mais je ſais que lorſque j’avoue naïvement mes foibleſſes, je dois en être crue ſur mon apologie.

„ Soit politique, ſoit dédain, ſoit ou-