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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/61

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Comte ; mais je craignois. — Quoi ? — Que ſa mere… Tu as de la prévention ſur le compte de la Marquiſe, interrompit M. de Rozane ; tous les jours je m’en apperçois, & je ſuis sûr qu’elle s’en apperçoit elle-même : tu conviendras que ce n’eſt pas le moyen de te la rendre favorable. Eh mon Dieu ! s’écria Rozane, qu’elle me donne ſa fille, elle ne verra plus en moi qu’un fils fournis & reſpectueux. Point de condition, reprit le Marquis ; quel que ſoit l’événement, penſe qu’elle eſt ma femme, & que ce titre exige tes égards. Mais revenons à ton affaire. Te voilà donc amoureux de Mademoiſelle de Tournemont ! J’en ſuis fort aiſe ; depuis que je la connois, je deſire ton mariage avec elle, & c’eſt dans ce deſſein que j’ai ſollicité ſa ſortie du Couvent. Si je t’ai caché mes vues, ainſi qu’à Madame de Rozane, c’eſt que j’ai pour principe, que la voix du cœur eſt la premiere qui doit ſe faire entendre… Le tien s’eſt expliqué, tant mieux ; & celui de la petite, que dit-il ? — Mon pere. — Ah ! ne va pas faire avec moi l’amant diſcret… T’aime-t-elle ? — Mon pere, je le crois ; j’oſe même dire que j’en ſuis sûr, & qu’en nous uniſſant, vous ferez deux heureux. — A la bonne heure ; je parlerai à ma femme… Dans le fond, je n’imagine pas qu’elle ait une raiſon valable