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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/62

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pour s’oppoſer à ce que nous deſirons. Sa fille eſt riche : probablement tu le ſeras, puiſque nous ne te donnons pas de freres. D’ailleurs ta naiſſance eſt un équivalent à la fortune de la jeune perſonne… Tes ſeuls torts avec la Marquiſe pourroient faire un inconvénient… Nous verrons… Conduis-toi bien ; répare, au mieux poſſible, & je prendrai ſoin de faire agréer ta recherche.

Le réſultat de cette converſation fut de laiſſer le Comte dans ſa perplexité, & de m’inſpirer la plus douce confiance. Je me dis qu’infailliblement il plairoit à la Marquiſe, puiſqu’il vouloit lui plaire ; & qu’elle ſe féliciteroit de ce que nos cœurs auroient prévenu ſon choix.

Rozane ſe ſurpaſſa auprès d’elle, conformément au nouveau plan qu’il s’étoit formé. Ce changement un peu trop ſubit, l’étonna, lui fit concevoir les ſoupçons de la vérité ; mais rien ne les confirmant, grâce à l’extrême attention du Comte, elle s’attribua l’honneur de la métamorphoſe, & le traita beaucoup mieux qu’elle n’avoit encore fait.

Je nageois dans la joie ; mon amant eſpéroit ; tout le monde commençoit à croire ce que nous croyions nous-mêmes ; le Marquis ſe préparoit à nous ſervir avec le zele de l’amitié, quand l’édifice de notre bonheur s’écroula.