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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/65

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faut ſe ſoumettre… Venez, au pied de l’Autel, prendre des ſentiments plus calmes, plus conformes à vos vrais intérêts… Elle me tendit la main ; je voulus reculer ; … les jambes me manquèrent ; … je tombai ſans connoiſſance.

Des vapeurs des nerfs, des convulſions m’agiterent le reſte du jour & une partie de la nuit. Le ſommeil diſſipa ces accidents, mais je n’en fus que plus capable de me pénétrer de mes maux. Madame de Saintal & ma ſœur ne m’avoient point quittée. Cette derniere ſe déſoloit d’avoir ſervi de prétexte à la tromperie qu’on m’avoit faite, & m’en demandoit pardon, comme d’une faute qu’elle auroit eu à ſe reprocher. Ah ! ma chere d’Aulnai ! m’écriai-je en l’embraſſant, qu’ai-je donc fait ? de quoi me punit-on ?… Dieu ! que deviendra-t-il à ſon retour ? que deviendrai-je moi-même ?… Nous en mourrons !

Madame de Saintal, qui m’écoutoit ſans que j’y penſaſſe, ne fut point étonnée de ce qu’elle venoit d’entendre. Quelques mots que ma mere avoit dits à la ſupérieure ; l’expreſſe recommandation de ne me laiſſer écrire ni parler à perſonne, ſans ſon aveu, & ſur-tout ma jeuneſſe, lui avoient fait deviner que l’amour entroit pour beaucoup dans cette affaire ; quant à l’objet, elle ne