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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/64

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périeure de l’autre. Cette Religieuſe douce, inſinuante, me careſſa, me cajola, m’offrit la ſatisfaction d’embraſſer ma ſœur à la porte de clôture. Nous nous y rendîmes : elle s’ouvrit ; Mademoiſelle d’Aulnoi ne s’y trouva point : je l’ai priée de me rendre un ſervice, dit la Supérieure ; dans un inſtant elle va nous rejoindre… Tenez, elle revient déjà, l’amitié lui donne des ailes. J’en eus moi-même pour voler à ſa rencontre : on l’avoit prévu ; ſon éloignement n’étoit qu’un piege. A peine j’étois à dix pas, qu’un bruit de clefs me fit retourner la tête… Madame de Rozane avoit diſparu ; la porte étoit refermée ſur moi. Que faites-vous ? m’écriai-je ; ouvrez cette porte, Madame ; la plaiſanterie eſt de mauvaiſe grace. Ce n’eſt point une plaiſanterie, Mademoiſelle, dit la Religieuſe en changeant d’air & de ton, vous reſterez dans cette maiſon, juſqu’à ce que Madame votre mere en ordonne autrement. Qui, moi ? dis-je avec fureur, je demeurerois avec vous ? perfide ! avez-vous pu le croire ?… Je me tuerois plutôt. Point d’invectives, point d’emportement, reprit-elle. Madame la Marquiſe a ſans doute de bonnes raiſons pour en agir comme elle fait, & vous n’en avez aucunes pour juſtifier une telle révolte contre ſes volontés… Allons, Mademoiſelle, il