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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/72

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l’autoriſaſſent à porter ſes vues plus loin. Dès ce moment, le Marquis ne balança plus à faire le ſacriſice de ſa préſence : il demanda la première Compagnie vacante, & l’obtint.

Madame de Saintal, informée de ces détails, perdoit ſon temps & ſon crédit ſur moi, en combattant ma paſſion pour Rozane, ſans m’en dévoiler les raiſons. Je m’irritois de ſes conſeils ; je me ſerois reproché de laiſſer affoiblir le feu dont je brûlois ; & leurrée par les illuſions que Marcelle entretenoit, je ne voyois point renaître le jour, ſans me promettre qu’il ſeroit le dernier de ma détention.

Cette idée continuoit à me rendre fiere avec la Supérieure : je refuſois opiniâtrement de la voir, parce que je croyois reſter trop peu de temps dans ſon Couvent, pour que j’euſſe beſoin de vaincre ſur cela mes répugnances. Je ne ſais comment ni pourquoi elle ne ſe rebuta point. Après mille avances de ſa part, toujours rejettées de la mienne, elle m’écrivit pour ſe juſtifier, autant bien qu’il étoit poſſible. Ma mere, diſoit-elle, avoit exigé qu’elle me trompât ; ma mere avoit tout fait, & cela pouvoit être ; mais ce qu’aſſurément elle ne lui avoit pas preſcrit, c’étoit un ſermon ſur les dangers, les chagrins où s’expoſoit une jeune