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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/71

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ſe défendre, il prit le parti qu’il crut le plus efficace, celui de demander grace pour le Comte.

Cette ſoumiſſion ayant adouci ma mere, le Marquis propoſa de rétablir la concorde, par un mariage qui mettroit ſon fils dans le cas de la reconnoiſſance, & ſeroit un garant aſſuré de ſon attachement.

Madame de Rozane s’offenſa d’une telle propoſition. Quoi, dit-elle fiérement, vous me demandez une récompenſe pour celui que je dois punir ? vous mettez à prix ſon reſpect ? vous avez la foibleſſe de ſervir ſes intérêts aux dépens des miens ? C'eſt une raiſon de plus pour m’obliger de les ſoutenir avec vigueur. Jamais, Monſieur, jamais je n’admettrai pour gendre, un homme que je ne pourrois pas nommer entre mes amis… Votre fils ne rentrera ici, ne reverra Mademoiſelle de Tournemont, que quand elle ſera mariée ; alors même, j’examinerai s’il me conviendra de le recevoir.

Ce refus prononcé du ton le plus abſolu, fit ſentir au Marquis la néceſſité de renoncer à ſon projet, & même celle d’éloigner ſon fils de Paris. Il en coûtoit à ſa tendreſſe : juſques-là elle avoit étouffé l’ambition dans ſon cœur. Le Comte étoit encore Mouſquetaire, quoique les ſervices de ſon pere, l’amitié du Miniſtre, & d’autres avantages