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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/74

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phraſe j’ouvrois la bouche pour l’interrompre, & ne me retenois que par la crainte de perdre quelque choſe.

Quels monſtres que ces Villeprez ! m’écriai-je : que j’aurois bien dû les reconnoître aux coups qu’elles m’ont portés. La fille eſt une jalouſe, une furieuſe, qui ſe venge de la perte d’un cœur dont elle n’étoit pas digne ; mais la mere ?… qu’avoit-elle à me reprocher ? Nul autre intérêt que celui de la méchanceté, ne l’engageoit à me rendre malheureuſe. Pardonnez-moi, dit Marcelle, elle avoit celui d’enrichir ſa famille, en vous y faiſant entrer par un mariage, dont elle eut l’audace ou la ſottiſe de faire la propoſition. — Comment, après m’avoir ainſi déchirée ? — C’étoit ſans doute ſur quoi ſe fondoit ſon eſpoir : elle croyait avoir rendu un ſi grand ſervice à Madame de Rozane, qu’elle ne pouvoit s’en acquitter qu’en vous donnant à ſon neveu. A ſon neveu ! répétai-je, à ce ſot Provincial, qui n’a reçu d’éducation que par le Curé de ſon village ? M. de Cordonne n’eſt pas ſi ſot que vous le dites, repliqua-t-elle ; quelques années en feront un homme très-aimable. — Qu’il ſoit ce qu’il pourra, je n’en veux point, je n’en voudrai jamais. — Raſſurez-vous, il n’a pas trouvé grace devant Madame la Marquiſe : ſes refus ont prévenu