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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/80

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Je pars, après-demain, pour joindre le Régiment de ***. Je ne vous dis pas de m’écrire, vous riſqueriez trop ; je ne vous écrirai pas non plus : une lettre interceptée vous expoſeroit au reſſentiment de la Marquiſe ; mais je jure, par ce que je révere le plus, de n’être jamais à d’autre qu’à vous. Vous m’avez auſſi promis d’être à moi : vous ſentez-vous le courage d’en faire, à la face du Ciel, l’irrévocable ſerment ?… Ne vous diſſimulez pas les contradictions que vous aurez à ſoutenir pour y reſter fidelle. Sans doute on vous retirera du Couvent auſſi-tôt que je ſerai parti, on n’omettra rien pour ſéduire votre cœur, pour intimider votre eſprit. Madame de Rozane employera les ordres, les menaces ; … peut-être elle vous reléguera une ſeconde fois dans cette ſolitude, ou dans quelqu’autre plus ennuyeuſe ; mais par combien de ſoins, de tendreſſe, ne vous dédommagerai-je pas enſuite de ce que vous aurez ſouffert ? Toujours adorée d’un mari, qui vous devra tant de ſacrifices, je me reprocherois un moment qui ne ſeroit pas employé à vous rendre heureuſe… Parlez… J’attends mon arrêt, & ne vous quitterai que le plus ſatisfait, ou le plus déſeſpéré des hommes.

Ses yeux cherchoient avec inquiétude, à lire dans les miens… Je les baiſſai, en élu-