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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/96

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la dément ! m’écriai-je. Il eſt à votre fils, ce cœur dont on prétend que je diſpoſe en faveur d’un autre ; je ne puis le lui arracher, je ne dois pas même le vouloir, ce ſeroit lui donner le coup de la mort… Oh ! Monſieur, aidez-moi, aidez-nous à prévenir le malheur qui nous menace… Si ce mariage s’acheve, nous n’y ſurvivrons pas. Ne croyez pas cela, me dit-il : ce ſont des chimeres qu’on ſe forge dans l’efferveſcence d’une premiere paſſion, & qui ſe réduiſent à rien dès que la raiſon peut ſe faire entendre. Murville a plus d’agréments qu’il n’en faut pour vous inſpirer un nouveau goût : il y parviendra, j’en fuis sûr. Quant à mon fils, il ſaura prendre ſon parti avec le temps, ſi cela n’eſt pas déjà fait. Non, repliquai-je, cela n’eſt pas, & ne ſera jamais. Le Comte m’adore… Il m’aimera toujours. — Tant pis pour lui, Mademoiſelle, & tant pis pour vous-même ; car je ne vous ſuppoſe pas aſſez coquette pour vous faire un amuſement de ſes ſouffrances : & dans ce cas, la pitié pourroit bien vous apprêter des repentirs… Tenez, mon cher enfant, ce ſeroit une folie que de lutter avec votre mere ; que d’entreprendre d’amener ſa volonté à plier ſous la vôtre : elle vous offre un mari, fait pour plaire, acceptez-le de bonne grace, faites-vous un mérite de la néceſſité… Vous