Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 15 )

me ſuffit d’avoir étudié les hommes : fiers, altiers, ils ſecouent leurs chaînes, en frémiſſant, dès que l’ivreſſe de leurs ſens eſt diſſipée. Des ombres, des taches ſe répandent dans leurs cœurs ſur une image adorée par cela ſeul qu’ils ont promis de ne l’en pas déplacer… Les femmes, plus timides, plus faites pour la dépendance, font auſſi plus portées à reſpecter leurs engagements ; mais elles ont des dégoûts, des langueurs, des inégalités… Que n’avons-nous pas à redouter des défauts de mon ſexe, & des foibleſſes du tien ? Que ſeroit-ce ſi notre délicieuſe exiſtence ſe changeoit en cet attachement d’habitude par qui l’ame eſt engourdie ?… Quoi, je pourrois ne plus éprouver cet attrait puiſſant qui m’attire vers toi avec tant de force ? je ne verrois plus dans tes yeux cette flamme vive & pénétrante qui les rend ſi beaux… Ce ſeroit le triſte devoir ou l’inſtinct de la nature qui nous mettroit dans les bras l’un de l’autre ? Eh ! que ferions-nous alors de la paſſion qui nous anime ? Sa ceſſation éteindroit-elle les facultés actives de nos cœurs ? Accoutumés aux feux, aux agitations de l’amour, ſe borneroient-ils, dans la fleur de notre jeuneſſe, à cette tiédeur, à ce calme monotone qui ne ſont le partage que de l’arriere-ſaiſon ? Non, ce ſeroit pour eux un néant, dont ils ne