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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/107

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pourroient ſortir qu’en ſe tournant vers de nouveaux objets… Mais tirons un rideau ſur une perſpecftive plus affreuſe à enviſager que la mort… Il n’arrivera pas ce malheur, dont le nom me feroit horreur à prononcer. Je t’adorerai comme ma ſouveraine divinité, tant que les flammes de la paſſion animeront mon être. Je te chérirai comme ma premiere amie, quand le froid de l’âge viendra me ſaiſir. Tu rempliras la capacité de mon ame dans tous les temps & ſous tous les titres imaginables… Ma bien aimée, nos ſentiments ſont nos tréſors, c’eſt entre tes mains que je les dépoſe, ménage-les avec prudence… Défends-moi centre l’effet impérieux de tes charmes… Modere, arrête mes tranſports quand tu le jugeras néceſſaire… Encore un coup, je t’en abandonne le pouvoir, & te conjure d’en faire uſage, ſans craindre que jamais j’aie l’injuſtice d’en murmurer. Traite ton mari comme un amant heureux, à qui tu ferois acheter tes bontés, pour le ramener toujours à ſentir combien elles lui doivent être cheres… Ton cœur aura ſûrement quelques efforts à ſe faire : je les verrai tous : ils pénétreront dans le mien, qui enchérira ſur tes ſacrifices ; mais nous en ſerons dédommagés par l’augmentation, par la conſtance de notre félicité.