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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/109

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velle… J’ajoute à notre commun bonheur, en ajoutant à la ſomme de mes perfections.

Loin de dérober aux regards du monde ce qui peut m’attirer ſon ſuffrage, je m’en glorifierai auprès de ce que j’aime, parce qu’il y trouvera la juſtification de ſon choix ; mais de quelque poids que me paroiſſe cette approbation étrangere, ce ſera toujours à la plus chere moitié de moi-même, que j’en deſtinerai le premier tribut.

Voilà, ma divine amie, quelles ſont mes diſpoſitions, & je me flatte que ce ſeront auſſi les tiennes. Il s’en falloit beaucoup que Rozane eût deviné juſte ; perſuadée que ma ſeule poſſeſſion devoit le rendre parfaitement heureux, je ne ſuppoſois pas que j’euſſe quelques fraix a faire pour en être conſtamment adorée… Ma réponſe fut dictée par le dépit & l’ironie.

Je vous ſuis obligée, lui dis-je, des leçons importantes que vous venez de me donner ; je les étudierai ſoigneuſement, puiſque vous les croyez néceſſaires pour me conſerver votre affection… Il faut avouer qu’elles ſont pleines de ſageſſe ; mais je ne les attendois pas ſitôt… Vingt-quatre heures de mariage vous ont rendu bien philoſophe !

Quel ton, quelle ſéchereſſe ! s’écria-t-il ; tu ne ſaurois penſer qu’enivré de ma joie