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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/108

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Uſons de la même économie dans les témoignages publics de notre tendreſſe. Ne dédaignons point de montrer les égards, les préférences, la politeſſe la plus attentive… Soyons & paroiſſons être, ce que nous eſtimons, ce que nous reſpectons le plus… Quant aux démonſtrations, aux propos careſſants, à cette douce familiarité dont j’uſe en ce moment avec toi, ne les prodiguons pas devant un monde qui n’en eſt pas digne, & qui répandroit deſſus le vernis du ridicule… Je te propoſe encore l’exemple des amants heureux ; on les devine, mais ils ne ſe dévoilent pas : de cela même la plus petite bagatelle eſt d’un prix infini pour eux. Un mot, un rien donne naiſſance au plaiſir, quand c’eſt l’expreſſion du cœur, & non l’effet de l’habitude.

Que celle de vivre enſemble, n’éteigne point en nous le deſir de plaire, & ne nous en faſſe pas négliger les moyens : ils ſont de tous les temps, de tous les âges ; ils doivent entrer dans toute la conduite de notre vie… Rien dans ce ſoin flatteur ne ſauroit nous être pénible. Quoi de plus délicieux, que de pouvoir nous dire, chaque jour, c’eſt pour lui, c’eſt pour elle que je conſerve précieuſement les avantages qui m’en ont fait aimer ; que je combats tel défaut ; que je m’enrichis d’une qualité nou-