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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/115

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expliquent ſi clairement… Je diſtinguai même un ſoupir qui s’adreſſoit directement à moi. Diſtrait, ou tranchant avec les autres, il ne laiſſoit tomber aucune de mes paroles, ſe rangeoit de mon avis, applaudiſſoit avant que j’euſſe achevé mes phraſes.

Fixer l’attention, être l’objet des préférences, inſpirer des deſirs ou des regrets, font des choſes qui ne peuvent jamais nous laiſſer dans une parfaite indifférence pour celui qui nous en fait hommage. Elles aſſurerent le ſuccès de Cardonne auprès de moi… Je lui trouvai de l’eſprit, parce qu’il avoit fait valoir le mien… Ce n’étoit, en gros, qu’un bel homme ; il me parut intéreſſant… pour cet inſtant : je n’allai pas plus loin.

On demanda des nouvelles de Madame d’Archenes ; il dit froidement qu’elle étoit à Paris depuis quelques jours, & que des affaires l’y retiendroient un peu de temps. Ce nom ennemi me fit rougir une ſeconde fois… Je fus gré à Cardonne de ne m’avoir pas regardée en ce moment.

Quand il fut ſorci, on le prit pour ſujet de la converſation ; ſa perſonne, ſa fortune, ſa dépenſe, ſes aventures furent analyſées, & ne produiſirent pas ſon éloge. Entr’autres anecdotes, on dit qu’étant débarqué dans la Province d’où ſa couſine étoit Intendante,