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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/126

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nonça, avec effort, le mot, adieu, & ſortit précipitamment, comme s’il eût craint d’être rappellé par mes cris ou par ſa propre foibleſſe. La derniere étoit ſeule à redouter pour lui ; loin de vouloir le retenir, je me ſentis ſoulagée par ſa retraite. Eh ! comment aurois-je pu ſoutenir devant lui le choc impétueux des paſſions qui me bouleverſoient ?

N’ayant plus à rougir, à combattre qu’avec moi-même, je quittai ma pénible attitude, où j’étois prête d’étouffer… En me relevant, mes yeux ſe porterent ſur les lettres que le Comte avoit poſées ſur mon lit, toutes ouvertes. La premiere, en forme de billet, me parut être de l’Intendante, quoique ſon écriture fût un peu déguiſée : je la pris à peu près comme Porcie dut prendre les charbons ardents… Voici ce qu’elle contenoit.

A Madame, la Comteſſe de Rozane.

„ Le départ précipité du vaiſſeau ſur lequel M. de Cardonne doit retourner aux Indes, le force de quitter Paris, beaucoup plutôt qu’il ne l’avoit cru. C’eſt en montant dans ſa chaiſe, qu’il a l’honneur d’en prévenir Madame la Comteſſe de Rozane ; il la ſupplie de vouloir bien