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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/130

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ver les tourments que vous avez fait reſſentir à mon cœur. „

Je ne pus d’abord lire cette lettre que juſqu’à l’endroit ou Rozane me diſoit un éternel adieu. Ce mot terrible, auquel je donnai une interprétation plus terrible encore, me mit hors de moi. Je ſonnai, j’appellai tout à la fois… Où eſt votre Maître ? demandai-je, où eſt-il ? Qu’eſt-il devenu ?… J’étois réſolue d’aller me jetter à ſes pieds, de le ſuivre par-tout juſqu’à ce que j’euſſe fléchi ſon reſſentiment, & calmé ſon déſeſpoir. Mon air d’égarement, mon ton de véhémence effrayerent celui de mes gens à qui je parlois… Madame, il eſt. — Eh bien, il eſt ?… Après ?… Finiſſez. — Madame, il eſt parti. Ciel ! il eſt parti !… Un évanouiſſement ſuivit cette exclamation. En ouvrant les yeux, je vis près de mon lit, le Marquis & mes femmes ; un peu plus loin, ma mere qui tenoit mes lettres, celle même de Madame d’Archenes, dont elle avoit raſſemblé les morceaux. A cette vue, je fis un cri, & retombai dans l’état d’où je ſortois.

Enfin, je repris entiérement la connoiſſance. Ma mere liſoit ; le Marquis s’occupoit de moi… Tant de bontés, que je méritois ſi peu, me confondirent. Ah ! Monſieur, ah ! mon pere, m’écriai-je, que vous êtes