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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/132

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genoux, je leur adreſſai indiſtinctement la parole. Ecoutez-moi, dis-je, au nom de Dieu, écoutez-moi. Toutes les apparences me condamnent ; mon imprudence eſt extrême ; mais croyez… Ma mere ne s’arrêtoit point ; je m’attachai au Marquis : Monſieur, eh ! Monſieur ! m’écriai-je, ne m’abandonnez pas : daignez m’écouter, ou je meurs à vos pieds.

Je vous conſeille de réſerver votre apologie pour une autre fois, dit-il, en ſe retirant de mes bras, franchement elle auroit peu de ſuccès aujourd’hui… Tenez, Madame, voilà vos lettres ; celle de mon fils mérite que vous la reliſiez : vous y reconnoîtrez peut-être le prix du cœur que vous avez perdu.

C’en eſt aſſez, dit ma mere ; livrons cette femme à ſes réflexions : elles ſeront ſes bourreaux, s’il lui reſte quelqu’ombre d’honnêteté. Après cette belle équipée, ajouta-t-elle, vous ne vous attendez pas ſans doute que je continue de vous recevoir, de vous avouer pour ma fille… Puiſſé-je, au contraire, faire oublier au monde entier, que je vous ai donné l’être.

Quelque redoutable que fût pour moi la préſence de Monſieur & de Madame de Rozane, ma douleur en avoit été contenue ; elle n’eut plus de bornes dès qu’ils furent