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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/14

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celui d’un amour digne de la bergerie ; mais cette charmante métaphyſique auroit été miſe en défaut, ſi la plus paſſionnée des femmes n’en avoit été la plus courageuſe.

J’ignorois les termes où Madame de Rozane en étoit avec le Marquis : mes queſtions ſur cela, n’avoient jamais obtenu d’elle, que des réponſes aſſez vagues. J’en tirai des conſéquences en faveur de ce que je deſirois ; & la tête échauffée, par ce qui s’étoit paſſé au Couvent, j’allai la ſupplier d’accélérer les unions projettées au gré de mon impatience.

Soyez tranquille, me dit-elle : je m’occupe ſérieuſement de vos intérêts, & réponds que vous ſerez bientôt marié, ſans qu’il ſoit beſoin de recourir à Mademoiſelle d’Aulnai : c’eſt toujours ma fille ainée que je vous deſtine. Confondu par ce changement, je demandai ſi le Marquis s’étoit déſiſté de ſes pourſuites ? Non ; mais elles ſeront inutiles, répondit votre mere. J’ai traîné l’affaire en longueur, pour découvrir, dans le perſonnage, des motifs valables d’excluſion : il m’en a fourni plus qu’il ne m’en falloit : c’eſt un diſſipateur obſcur, auſſi peu délicat ſur les moyens de fournir à ſa dépenſe, que ſur les objets qui la lui font faire ; la famille de Mademoiſelle de Tournemont ne s’en doute pas, il faut l’é-