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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/15

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clairer… Des gens à moi ſont chargés de produire ſes ſottiſes au grand jour : ſous peu de temps elles feront éclat, & nous verrons tous nos Financiers plus éloignés de ce mariage, que je ne le ſuis moi-même : je prendrai acte de leur mauvais choix, pour donner à ma fille un mari ſelon mon cœur, avant qu’ils s’aviſent d’en propoſer quelqu’autre.

Ce diſcours n’admettoit, ce ſfemble, aucune replique ; j’oſai cependant en faire, & de très-fortes. J’avouai mon amour, je plaidai la cauſe du vôtre… En voulant tout gagner, je penſai tout perdre… Ce ne fut que par une très-prompte & très-profonde ſoumiſſion, que j’obtins le pardon de ma réſiſtance.

Convenez donc à préſent, que je n’ai été un monſtre, ni comme amant, ni comme mari ; que loin d’avoir cherché à ſéduire votre ſœur, pour l’abandonner enſuite, ma retenue, avec elle, me couvriroit d’un ridicule, ſi on venoit à le ſavoir… J’ai deſiré ſincérement de l’épouſer. J’ai combattu, de bonne foi, ſon projet extravagant, quoiqu’il dût doubler votre fortune ; & malgré les regrets que ſon ſouvenir me coûtoit, mes procédés avec vous, ont égalé ceux d’un homme qui ſe ſeroit marié par goût.

De quelque fermeté dont j’euſſe fait pa-