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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/148

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qui m’excédoit. Ma mere venoit d’être ſurpriſe d’une indiſpoſition dont les ſymptômes étoient ceux de la petite vérole ; à l’ordinaire ſuivant, elle me fut confirmée.

Quarante-quatre ans, une fievre ardente, une éruption terrible & difficile, mirent ſa vie dans le plus grand danger ; la force de ſa conſtitution en triompha ; j’appris qu’elle en ſeroit quitte pour la perte de ſa beauté, qui juſques-là s’étoit parfaitement bien ſoutenue.

A peine les alarmes furent diſſipées, que le Marquis les fit renaître ; enfermé avec ſa femme, & dans une aſſez mauvaiſe diſpoſition de ſanté, il contracta la maladie qui le conduiſit au tombeau.

Le Comte informé de l’état de ſon pere, ſe rendit auprès de lui ; mais quelque diligence qu’il pût faire, il n’arriva que le dixieme jour, où le malade ne laiſſoit preſque plus d’eſpérance.

Inſtruite de toutes ces choſes, elles me livrerent à des anxiétés cruelles. Je m’affligeois pour celui que j’avois accoutumé de regarder comme mon pere. Je tremblois que la contagion n’atteignît mon mari, pour lequel j’avois repris un amour qui tenoit de la contradiction. Mais l’eſpoir germoit dans mon cœur, au milieu de ces épines… Rozane étoit à Paris, en des lieux où tout lui