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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/151

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vérole, & qu’à certains arrangements qu’on lui voyoit prendre, on la ſoupçonnoit de méditer une retraite abſolue. Je n’en crus rien ; la ſuite me prouva que j’avois tort. Un mois après la mort du Marquis, je reçus une lettre de ſa veuve, c’étoit la premiere depuis mon malheur.

La Marquiſe de Rozane à ſa fille.

„ Vos réſolutions ont été bien tardives ! j’en ſuis fâchée, Madame, & je crains que vos larmes ne ſoient pas les plus ameres de celles que vous aurez à répandre. Venez à Paris très-promptement ; la célérité peut ſeule apporter quelque remede aux maux que vous avez faits, s’ils ſont encore ſuſceptibles d’en recevoir. Je ne vous ai pas mandée plutôt, pour ne pas riſquer une ſanté dont vous avez beſoin, en vous faiſant reſpirer l’air contagieux de ma maiſon. C’eſt au Couvent de *** que vous me trouverez ; c’eſt là que vous ſerez inſtruite de ce qu’il vous importe de ſavoir.„

Ce peu de lignes me jetta dans une telle perplexité, dans une ſi prodigieuſe impatience, que, ſans voir ma fille, ſans prévenir Mademoiſelle des Salles, en moins de deux heures je fus dans ma voiture, & ſur