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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/154

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rompit-elle, en me voyant faire un geſte d’exclamation, tout dépoſe contre vous ; tout juſtifie le Comte. Vous avez écrit que vous ne l’aimiez plus ; vous l’avez confirmé par votre conduite, par votre fuite en Bourgogne, quand il habitoit le Périgord, & que vous étiez libre de l’y ſuivre. Vous avez cherché à briller, à jouir de tous les amuſements dont la Province eſt ſuſceptible. Vous vous êtes entourée de flatteurs, de paraſites ; vous avez rempli toute une ville de votre fracas… Ce n’eſt pas là le rôle d’une femme déſolée, telle que vous voulez qu’on vous croie.

La prévention à laquelle vous avez donné lieu, ne ſauroit être détruite par aucun raiſonnement ; il faut des faits… Et bien, ma mere, dis-je, j’en produirai ; … m’y voilà réſolue. Je m’expoſeraî à tout pour tirer le Comte de ſa cruelle erreur. Il verra mon amour, & me pardonnera des légéretés dont mon cœur n’a jamais été complice ; je le ramenerai content, déſabuſé… Notre premiere félicité renaîtra… Il me tarde de commencer cet ouvrage de notre réconciliation… Aujourd’hui… Tout-à-l’heure, je vais… Doucement, dit ma mere, vous êtes auſſi inconſéquente dans le bien que dans le mal. Quoi ! vous imaginez que votre préſence ſuffira pour rendre la vie & la joie à