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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/162

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de mes gens fut chargé de cet emploi, avec recommandation expreſſe de ne ſe montrer à perſonne qui pût ſe rappeller ſes traits.

Trois quarts-d’heure après, il vint nous dire que ſon Maître étoit dans un petit bois qui nous ſéparoit du château qu’il l’avoit vu s’aſſeoir au pied d’un arbre, prendre un livre ; & que, ſi nous nous hâtions un peu, nous le trouverions sûrement au même endroit. A ce récit, je devins pâle, tremblante… Mademoiſelle des Salles, qui craignoit que je n’héſitaſſe, ordonna de marcher… Nous gardâmes le ſilence juſqu’à une portée de fuſil du bois. Là, mon amie, me voyant prête à défaillir, propoſa de me faire devancer par ma fille, & d’attendre à paroître, que ſa préſence, ſes careſſes, euſſent diſpoſé le Comte à me recevoir. Je goûtai ſon idée, elle me ranima ; nous ne conſultâmes plus que ſur les moyens de faciliter la reconnoiſſance. Mes bracelets, mon collier, un cœur de rubis, ſinguliérement beau, que Rozane m’avoit donné lorſque je l’avois rendu pere, ornerent les bras & le cou de l’enfant… Mademoiſelle des Salles lui fit répéter ſon rôle, ſans permettre que j’y ajoutaſſe rien, parce que je lui diſois tant de choſes, qu’elle n’en auroit pu retenir aucune.

A la faveur du taillis, nous fûmes con-