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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/17

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m’écouter encore quelques moments. Ce qui me reſte à vous dire, mérite attention.

Ce jour-ci marquera vraiſemblablement notre déſunion de fait ; il s’agit de ſauver les dehors ; de ne point ſe donner en ſpectacle. Vous avez une paſſion, l’objet ne m’en eſt pas agréable ; malgré cela, je vous promets de l’indulgence, à condition que vous n’en abuſerez pas. Gardez les décences, ce ſera toujours mon refrein… Je ſens bien qu’il faut paſſer quelques dédommagements à une femme de votre âge, de votre vivacité ; mais je ne porterois pas la bonté juſqu’à ſouffrir qu’elle déshonorât mon nom par une inconduite éclatante…

Comment donc, dis-je en le pouſſant de la main avec fureur, vous oſez me menacer, je penſe ? Vous ! le plus coupable des hommes… La digue rompue, il ſe fit un débordement que Murville laiſſa courir ſans y mettre aucune importance.

Outrée de ſa tranquillité, ne trouvant plus rien d’aſſez fort, d’aſſez atterrant à mon gré, je m’élançai hors de mon cabinet, uniquement pour fuir un homme dont la préſence m’étoit inſupportable : heureuſement il n’avoit point perdu la tête. Effrayé de la ſcene que j’allois donner, il courut par une porte de dégagement, & ſe trouva, en même temps que moi, au milieu de ma cham-