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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/170

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en lui enlevant cet amant ; dans ce deſſein, je fis tout pour l’attirer & le retenir… Je me donnai l’apparence des plus grands torts, ſans qu’aucune de mes intentions allât à vous offenſer ; je l’ai écrit ; je vous l’ai fait écrire. Il m’en ſouvient, dit-il, mais je n’en ai rien cru… Parlez-moi franchement, je l’exige, & d’ailleurs, vous ſavez qu’il n’eſt pas facile de me tromper… Se peut-il que vous n’ayez pas aimé Cardonne ? — Non, je le proteſte. — Vous ne vouliez que le rendre dupe, & faire une noirceur à ſa maîtreſſe ? — Pas autre choſe. — Pas autre choſe ! Vous êtes donc un monſtre de fauſſeté !… Quoi ! vous provoquez un homme à l’inconſtance ; vous répondez à ſes attaques, de maniere à autoriſer l’eſpérance la plus audacieuſe ; vous abjurez la tendreſſe, & le devoir qui vous lient à moi ; vous vous meſurez avec une femme perdue ; vous lui diſputez l’objet qui la déshonore ; vous acceptez une entrevue clandeſtine, au riſque de ce qui pouvoit en arriver ! & tout cela n’avoit pas ſa ſource dans l’égarement d’une violente paſſion ? Madame, les foibleſſes de l’amour méritent ſouvent plus de pitié que de colere, parce qu’on n’y jouit pas d’une entiere liberté d’eſprit ; mais cette trame d’impoſture, cette malignité, froidement réfléchie, telle que vous venez d’en