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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/171

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faire l’aveu, ne peuvent, ne doivent jamais trouver d’excuſes.

Qu’on ſe repréſente mon étonnement, de m’entendre condamner par les raiſons mêmes dont je croyois tirer ma juſtification. Confuſe, interdite, n’oſant accuſer directement mon mari d’un excès de ſévérité, je bégayai quelques mots. En vérité… rien n’eſt plus étrange… Je ne ſaurois imaginer… Perſonne ne voit les choſes comme vous… Les pleurs me couperent la parole, & le Comte, enfoncé dans la rêverie, ne les remarqua pas.

J’étois étonnée, humiliée, non ſans reſſources ; j’en trouvois dans ma conduite même, quelque repréhenſible qu’elle pût être. Inconſéquente, étourdie, point infidelle, à la coquetterie près, je pouvois paſſer pour ſage. Cet article étoit aſſez important pour mériter qu’on traitât les autres avec plus d’indulgence. Ce fut en ce ſens que je m’en expliquai.

Vous me jugez, dis-je, avec tant de rigueur, qu’il ne me reſteroit nulle eſpérance de vous fléchir, ſi j’avois de ces torts qu’un mari croit ne devoir jamais pardonner… Heureuſement, les miens ne ſont pas de nature à vous rendre inexorable. Je ne vous ai point fait le dernier outrage ; eh ! je ſuis perſuadée que vous ne m’en ſoupçonnez