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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/175

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frémit des indiſcrétions qui pouvoient m’échapper ; il les prévint en congédiant le Médecin.

L’effroi me ſaiſit à ſon départ, comme ſi j’avois perdu ma ſauve-garde contre le danger qui me menaçoit… Je le ſuivis des yeux, & me précipitai à genoux pour implorer le ſecours du Ciel, le ſeul qui reſtoit à ma douleur.

Ce ſpectacle fit chanceler la fermeté du Comte : il m’appella d’un nom careſſant, qu’il m’avoit donné dans les commencements de notre mariage. Au ſon de ſa voix, à ce nom qui m’avoit été ſi cher, je treſſaillis, & me levai pour aller reprendre auprès du lit, l’attitude que je quittois. Rozane ému, touché juſqu’au fond de l’ame, paſſa ſes bras autour de mon cou, appuya ſa tête ſur la mienne… Nous reſtâmes, l’un & l’autre, abymés dans nos triſtes réflexions… Après quelques moments de ſilence, il baiſa ma main, & me pria de m’aſſeoir.

Vous venez, me dit-il, de vous procurer des lumieres, que je voulois reculer auſſi loin qu’il m’auroit été poſſible ; je n’ai pourtant pas lieu de m’en plaindre, puiſque j’en ſerai plus libre de faire ce qui convient à ma ſituation ; & vous mieux préparée à… Je l’interrompis, & voulus combattre les idées