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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/178

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des félicités dont nous pouvions jouir, & que je m’étois promis… Rozane me laiſſa tout dire : il m’écoutoit attentivement, & reſta même à rêver aſſez long-temps quand j’eus fini. Vous avez oublié, reprit-il, que nous nous ſommes trompés en nous uniſſant ſur de telles eſpérances ; ſoyez perſuadée que nous nous tromperions encore… Malheureuſement partagé d’une mémoire trop fidelle, j’aurois toujours ſous les yeux les lettres fatales, où j’ai lu la rétractation des ſerments que vous m’aviez faits. Ce qui a précédé, ce qui a ſuivi ces lettres, viendroit ſe retracer à mon ſouvenir pour les appuyer… Je me dirois, que n’ayant pu remplir votre cœur, lorſque le plus tendre amour, ſoutenu de quelques avantages naturels, m’autoriſoit à m’en flatter, je ſerois un inſenſé d’y prétendre, quand je ne ſuis plus qu’un fantôme, moins fait pour plaire que pour effrayer.

Rozane alloit continuer, je l’interrompis une ſeconde fois, en me levant avec tranſport… J’étois outrée de ne plus trouver d’objections à lui faire… Au défaut de raiſons, je mis de l’emportement… Je fis des reproches injuſtes, bizarres ; je l’accuſai de ne vouloir mourir que pour combler mon déſeſpoir.

Cette ſcene le fatiguoit exceſſivement : il