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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/186

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qui troublent votre ame… Qui la troublent ! répéta-t-il ; oh non, elle eſt tranquille !… Le tombeau s’ouvre, j’y deſcends comme dans le lieu de mon repos. Eh ! qui pourroit me faire regretter la vie ? Ma fille ? Elle m’eſt bien chere ! mais elle ne perdra rien, puiſque vous lui reſtez… Ma femme ?… Quel nom je lui donne encore !… Oubliai-je que depuis long-temps elle y a renoncé ?… Quoique la conjoncture rendît l’apologie de mes ſentiments aſſez inutile, Mademoiſelle des Salles l’eſſaya, dans le deſſein d’en inſpirer au Comte de moins pénibles ; il l’interrompit. Ne vous tourmentez point, lui dit-il, à combattre des idées, à préſent ſans conſéquence, & qu’un ſiecle de raiſonnements ne détruiroit pas… Je m’y connois, Mademoiſelle, je m’y connois, pour mon malheur… Ce n’eſt pas ainſi qu’on aime… Croyez qu’elle n’a jamais compris, qu’elle ne comprendra jamais la violence de ma paſſion pour elle, & le retour qu’elle exigeoit de ſa part… Tant mieux : elle s’en fera moins de reproches… Je ne deſire pas que mon ſouvenir altere la ſérénité de ſes jours… Ma femme !… Ma fille ! reprenoit-il, objets de mon amour & de mes ſouffrances,… elles m’ont quitté !… c’eſt pour toujours ;… je l’ai voulu… Je devois le vouloir : il falloit bien leur épargner ce ſpec-