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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/185

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& détourna la tête pour ne la pas voir ſortir.

Mon tour vint ; je me levai, pour lui laiſſer la liberté de ſe mettre au lit. Quoi, déjà ! s’écria-t-il, avec un mouvement extraordinaire… Il le faut donc ?… Hélas, je ne me croyois pas ſi proche !

Interdite de ce que je voyois, de ce que j’entendois, n’oſant, & peut-être ne voulant pas m’en avouer la cauſe, je la demandai en tremblant… Le Comte ne répondit point… J’offris de reſter, de paſſer la nuit dans ſa chambre, il balança, & finit par me refuſer.

Je ſortis, rêveuſe, agitée… Mademoiſelle des Salles m’accompagnoit… Nous gardions un profond ſilence : moi, pour éviter de recevoir des lumieres affreuſes ; elle, pour ne me les pas donner.

Moins diſpoſée à s’aveugler ſur le danger du Comte, elle retourna chez lui, dès que je fus rentrée dans mon appartement. C’eſt vous ! lui dit-il en lui tendant les bras, j’expirerai donc dans le ſein de l’amitié ? C’eſt une conſolation dont je ne me flattois pas ; mais vous, aurez-vous le courage de veiller auprès d’un cadavre qui touche à ſa diſſolution ? Car c’en eſt fait, votre ami a vu le ſoleil pour la derniere fois. Eh ! Monſieur, dit-elle, écartez ces noires penſées