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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/188

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vous lui direz que ſon mari, bien différent d’elle, n’a pu vivre ſans… Une convulſion, preſqu’inſenſible, lui coupa la parole, & termina la déſolante cataſtrophe.

Des clameurs, des lamentations remplirent auſſi-tôt le château. On ne cherchoit point à me ménager ; au contraire, chacun deſiroit me punir de la fin prématurée du Comte, dont on me nommoit hautement l’auteur. J’étois dans un ſommeil fatigant, par les inquiétudes que j’y avois portées, quand le bruit parvint juſqu’à moi… Saiſie, effrayée, je me jettai hors de mon lit, & ſortis de ma chambre dans le plus étrange déſordre.

La première perſonne que je rencontrai, fut Mademoiſelle des Salles, pâle, abattue, les yeux gonflés par l’abondance de ſes pleurs… Son aſpect me troubla autant, & plus, que ce que j’entendois. Mon Dieu ! mon Dieu ! qu’eſt-ce que cela ? Que fait Rozane ? Je veux le voir… Seroit-ce ?… Laiſſez-moi,… laiſſez-moi donc. En lui parlant ainſi, je m’efforçois de dégager mes mains, qu’elle retenoit dans les ſiennes : elle les quitta pour me ſerrer dans ſes bras, voulut s’expliquer, & ne put former que des élans inarticulés. Sa douleur, ſes ſanglots m’éclairerent ſur la vérité ; ah, malheureuſe ! m’écriai-je ; il eſt… Je ne pus achever.

Une fievre ardente, un délire terrible