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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/192

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Paris. J’y trouvai ma mere dévote, ſe faiſant un nom par ſes généroſités, par l’excès de ſon zele en faveur du parti qu’elle avoit embraſſé. Peu s’en fallut qu’elle ne m’entraînât par ſon exemple & ſes diſcours ; mais les traces qu’ils firent dans mon eſprit, ne durerent pas plus que mes larmes… Ces larmes ſi juſtes, que je croyois intariſſables, s’arrêtoient dans mes yeux, quand je les tournois vers la carriere fleurie où je pouvois rentrer.

Jeune encore, riche, parfaitement indépendante, j’abjurai le mariage, qui m’avoit mal réuſſi.

Des goûts paſſagers, que j’honorerai du nom de paſſions, me procurerent de l’amuſement, des chagrins, quelques plaiſirs, jamais le bonheur.

Cependant les années s’écoulerent aſſez rapidement : je ne m’aviſai pas d’en faire le calcul, & parvins à mon automne avec toutes les prétentions de la jeuneſſe. En vain, les hommes & les femmes ſemblerent ſe liguer pour m’en faire ſentir le ridicule ; je ne voulus rien voir, rien entendre de leur part. C’étoit à ma fille qu’étoient réſervés les premiers retours de ma raiſon. Elle avoit accompagné ſon mari dans ſon ambaſſade, & s’étoit attiré l’eſtime d’une nation qui n’en eſt pas prodigue, ſur-tout envers la