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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/27

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Je croyois, & je devois croire que la violence à laquelle vous étiez en butte, étoit la ſeule cauſe du danger qui menaçoit vos jours : concevez-vous à quel point vous m’étiez chere dans cette ſuppoſition ?… Combien ne ſouhaitai-je pas que, ſoumiſe à la néceſſité, vous aſſuraſſiez votre vie, votre repos, par le ſacrifice de votre amour !… Ils ont été pleinement exaucés, ces vœux que m’arrachoit la tendreſſe allarmée !… Je ne me ſuis jamais repenti de les avoir formés, quoique j’aie depuis cru ſentir que l’infidélité de ce qu’on aime, eſt peut-être plus difficile à ſupporter que ſa mort.

Je n’eſſayerai point de vous rendre ce que j’éprouvai, quand je ſus qu’un lien indiſſoluble vous uniſſoit à Murville. & que votre cœur avoit ratifié la promeſſe que vous aviez faite de m’oublier… Il me fut permis de revenir à Paris ; je doutai ſi c’étoit faveur ou châtiment de la part de votre mere. Craignant, & deſirant preſque également de vous voir, ce combat devint ſi fort, en approchant des lieux où vous habitiez, que je fus ſur le point de reculer, en vous appercevant chez Madame de Rozane.

Murville arriva… L’inhumain prit plaiſir à m’aſſaſſiner par les agaceries qu’il vous fit. Un reſte d’égard mit de la contrainte,