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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/31

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mes de la nouveauté le dirigeront vers quelqu’autre.

Ah ! c’en eſt trop, m’écriai-je, en me levant avec impétuoſité. Retirez-vous, Monſieur, délivrez-moi de la vue d’un homme qui met de ſang froid le comble à mon malheur,… d’un cruel, qui n’a rien d’humain que des dehors perfides, dont je ne ſerai plus ſéduite… Tout ſe réunit contre moi ; tout le monde veut ma mort ; & bien, il faut le ſatisfaire… Sortez donc, répétai-je avec plus d’emportement, je n’ai pas beſoin de vous pour diſpoſer de mon ſort ; il eſt effroyable, mais il ne durera pas.

C’étoit mon intention. Outrée, ne me connoiſſant plus, j’allois tourner ma fureur contre moi… Rozane épouvanté me ſaiſit à travers le corps, & me demanda, d’une voix tremblante, ce que je voulois faire ? Que vous importe ? dis-je, en le repouſſant. Votre barbarie vous a-t-elle donné le droit de vous oppoſer à ma volonté ?… Retirez-vous… Je ne veux ni vous entendre, ni vous revoir jamais. — Ni me revoir jamais ! Ciel ! de quel ton vous me ſignifiez cet arrêt ! — Comme je le dois, comme je le ſens, comme le méritent les indignités que je viens d’eſſuyer de vous. Et ce ſont ces indignités mêmes qui vous prouvent la véhémence de ma paſſion, repliqua-t-il. Je vous