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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/37

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te, auroit plus de lenteur, trop d’inconvénients ; j’optai pour la ſeconde.

D’un ſtyle guindé au ton de l’héroïſme, je me cherchai des excuſes très-adroites, très-flatteuſes pour Rozane… Je le ſuppliois de ſe borner au titre de mon ami,… de ne ſe point prévaloir d’une foibleſſe que je ne ceſſerois jamais de me reprocher… C’étoit à ſa retenue, diſois-je, que je reconnoîtrois l’eſtime qu’il auroit conſervée pour moi.

Qu’auroit pu dire de mieux la vertu même, après un oubli momentané ? Je fus contente ; & pour remettre plus ſûrement cette Lettre, je réſolus d’aller dîner chez ma mere, aux riſques d’encourir une aſſez mauvaiſe réception.

J’allois m’habiller dans ce deſſein, quand Murville envoya demander comment j’avois paſſé la nuit, & ſi j’étois viſible ? Ce meſſage me parut ce qu’il étoit, c’eſt-à-dire, une ſanglante épigramme… Je répondis, en balbutiant, je ne ſais quoi ; mais ſûrement rien de relatif à la premiere queſtion…

Il arriva, & fit ſigne à mes femmes de ſe retirer. Mon trouble augmenta… Je repréſentai, que voulant aller dîner chez ma mere, je n’avois point de temps à perdre. Vous en avez plus qu’il ne vous en faut, dit mon mari. La circonſtance & l’abattement où je vous vois, n’admettent pas une