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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/45

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dont peu d’autres, à ma place, auroient été capables, & qui mérite bien que vous en ayez quelque reconnoiſſance.

Aſſurément, dis-je, je vous dois des remerciements infinis, pour une ſi prodigieuſe bonté. Un mari auſſi intact que vous l’êtes, peut être regardé comme le plus généreux des hommes, quand il veut bien ne pas perdre ſa femme pour une miſérable imprudence. Comment, vous tirez ſur moi, s’écria-t-il ; penſez donc que la partie n’eſt pas égale : non-ſeulement je ne vous devois rien quand j’ai pris du goût pour Mademoiſelle d’Aulnai ; mais je me ſuis conduit avec une prudence digne d’éloge. C’eſt ſous le voile du myſtere que j’ai ſuivi mon intrigue. Je n’ai point mis une légion de valets dans ma confidence. Je me ſuis tellement obſervé, que ſi votre romaneſque ſœur n’avoit pas eu la rage d’écrire, perſonne n’auroit ſu cette petite anecdote. Voilà, Madame, le grand art de ſatisfaire à ſes plaiſirs, en ſe conſervant de la conſidération. Vous me conſeillez donc, Monſieur, de prendre votre exemple pour ma regle ? demandai-je. — Conſeiller… n’eſt pas le mot ; … c’eſt une queſtion que je n’ai pas le temps de réſoudre. En effet, nous arrivions, je deſcendis, & Murville alla paſſer la foirée ailleurs. En entrant chez moi, je trouvai le nom de