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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/52

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Je ne pus rendre au Comte ce que j’avois entendu ; différents engagements nous forcerent de nous ſéparer, en ſortant de la comédie.

Murville entra chez moi, le lendemain matin, auſſi-tôt que je fus éveillée. Eh bien, me dit-il avec un ſourire qui déceloit quelque embarras, vous avez ſans doute reconnu votre amie ? Mon amie ! à qui, s’il vous plaît, prodiguez-vous ce titre ? demandai-je. — A la compagne de votre enfance, à Madame d’Archenes… Elle s’eſt bien formée !… En vérité, c’eſt une femme charmante, que vous reverrez sûrement avec plaiſir. — Qui, moi ! je la reverrai ?… Non certainement, &… Vous-même n’en croyez rien. — Pourquoi donc ? Parce que vous avez eu enſemble quelque rivalité ? Cette raiſon ſeroit pitoyable ; la diſpute d’une poupée n’éterniſe pas l’inimitié entre deux petites filles. Mon Dieu, dis-je, ne jouez pas ainſi l’ignorance ; je ſuis perſuadée que vous ſavez très-bien ce qui m’empêchera toujours de voir votre Madame d’Archenes : ſi vous ne le ſaviez pas, je pourrois vous l’apprendre en quatre mots. Ne vous en donnez pas la peine, reprit-il, ces tracaſſeries ne ſont pas de mon reſſort ; mais je perſiſte à dire, qu’aucune d’elles ne peut juſtifier un tel refus. L’Intendante eſt aimable, eſtima-