Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 46 )

charmes, que de ſa liaiſon avec cette dangereuſe perſonne. Comment, depuis quand l’avoit-il retrouvée, s’y étoit-il attaché ?… J’en fus inſtruite par deux vieux Militaires, qui entrerent dans la loge voiſine de celle où nous étions. La belle Intendante ſe laſſe de l’incognito, dit l’un d’eux. Qu’appellez-vous l’incognito ? demanda l’autre ; j’ai trouvé le Baron établi chez elle, quoiqu’elle ne m’ait précédé à Paris que de fort peu de temps ; il y paſſe ſa vie, y donne le ton, s’intrigue pour ſes affaires… Rien n’eſt moins myſtérieux que leur arrangement. — J’en conviens ; mais elle ne s’étoit pas encore montrée en public avec ce nouvel amant, c’eſt ce qu’on peut nommer l’incognito pour elle. — A la bonne heure, ſi cette réſerve venoit de ſa part ; ce que je ne crois pas. Suivant certains propos que j’ai recueillis, le Baron a beſoin de s’obſerver : il doit ſa fortune à ſa belle-mere, femme impérieuſe, qui le tient en tutele, & à qui ſon intimité avec l’Intendante pourroit n’être pas agréable…

J’appris enſuite qu’ils habitoient la même Province que Madame d’Archenes, & que ſon arrivée à Paris avoit concouru, avec mon départ, pour la campagne. Cette derniere circonſtance m’éclaira ſur l’époque, & les cauſes du changement de Murville,