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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/54

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pondu ! — Ce que je devois. J’ai refuſé, avec toutes les marques de mépris que cette créature m’inſpire. — Votre refus étoit dans l’ordre. — Vos mépris étoient de trop : il ne faut jamais provoquer les méchants… Murville ne l’eſt pas ; mais il a peu de caractere, cela revient au même.

J’avois envoyé chercher le Comte pour partager mon reſſentiment, & non pour recevoir des leçons ; tant de ſang froid oppoſé au feu de ma colere, étoit, à mon gré, une eſpece d’outrage : il ne pouvoit naître que d’un défaut d’amour, d’amitié, d’intérêt… Les reproches que j’en fis à Rozane, le toucherent ſenſiblement. Il s’en plaignit d’un ton pénétré, dont j’eus quelque confuſion. Il peut ſe faire que j’aie tort, lui dis-je : je veux même me le perſuader ; mais convenez auſſi que votre amour ne reſſemble à aucun autre… On ne s’accoutume point aux airs de Caton, qu’il vous permet de prendre à temps & contre temps. Rien n’altere votre flegme. Vous prononcez des ſentences quand vous ne devriez ſentir que des transports… De l’humeur dont vous êtes, vous ſouſcririez, ſans répliquer, à la défenſe de ne plus nous voir ? — Aſſurément, ſi je le croyois néceſſaire pour vous épargner des chagrins ; … eh ! vous l’a-t-on faite cette defenſe ? — Mon Dieu,