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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/55

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oui ; mais j’ai proteſté que je n’y adhérerois pas. Elle eſt impraticable à certains égards, reprit-il, puiſqu’il faudroit vous interdire la maiſon de votre mere : cela ne peut regarder que mes viſites chez vous ; & bien je me bornerai à celles que la décence exigera, juſqu’à ce que des diſpoſitions plus favorables me rendent la liberté de ſuivre mon penchant, ſans hazarder de vous compromettre.

Je m’attendois à cette déciſion ! m’écriai-je, en rougiſſant d’impatience, & j’admire le courage avec lequel vous vous y déterminez… Vous ne voyez donc pas qu’une pareille déférence prêtera des forces à nos perſécuteurs ? que Murville, enorgueilli des avantages que je lui aurai laiſſé prendre, m’accablera du poids de ſon autorité ? que je me trouverai la plus malheureuſe, la plus eſclave des femmes, pour n’avoir pas ſu montrer de la fermeté à propos ?… Rien n’eſt plus dangereux que de ſe laiſſer entamer ainſi. Sans doute, dit le Comte, mais il l’eſt encore plus de groſſir le nuage d’où peut partir la foudre. La foudre, répétai-je, comme vos expreſſions ſont fortes ! vous vous peignez tout en noir… J’avoue qu’en voyant Murville avec l’Intendante, mon premier mouvement a été celui de la crainte : elle n’étoit pas fondée ; le Baron eſt foible :