Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 56 )

ment pour s’aſſurer qu’on ne ſe trompoit pas, & crut reconnoître auſſi le Comte dans celui qui me donnoit la main… Beaux Maſques, nous dit-il fort bas, ne prolongeons pas ici la ſcene, vous me trouverez, tous deux ailleurs, diſpoſé à la terminer comme elle le mérite. Il prit le bras de l’Intendante, fendit la preſſe ; je les perdis de vue, & reſtai très-déconcertée de ce dénouement.

A près de huit heures, je retournai chez moi, & fus d’abord ſurpriſe de voir dans ma cour une voiture attelée, des chevaux de ſelle, des domeſtiques en botte ; mais aucun des miens n’étant du nombre, je m’expliquai ces apprêts comme il me plut.

Murville alloit ſans doute à quelque campagne ; ſon éloignement contribueroit à le calmer : j’aurois de la marge pour délibérer ſur ce qu’il me faudroit faire… Rien de plus ſpécieux, de plus vraiſemblable, & de moins vrai que ce raiſonnement.

Le valet-de-chambre du Baron m’attendoit, par ſon ordre, à la porte de mon appartement, pour me prier de paſſer chez lui : cette priere me troubla ; je n’étois pas diſpoſée à un éclairciſſement… Incertaine, interdite, j’avançois ſans répondre… Le valet me ſuivoit en répétant ſa commiſſion… J’allois prétexter un refus, lorſque Murville parut lui-même. Vous êtes revenue bien