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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/62

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tard, me dit-il, les chevaux ſont mis depuis plus d’une heure. Qu’ont de commun les chevaux & mon arrivée ? demandai-je avec émotion. — Ne le devinez-vous pas, Madame ? il faut partir, il faut ſouſtraire aux regards du monde, une impudence, une inconduite qui ſont à leur comble. Les bonnes mœurs l’exigent ; votre mere le preſcrit, & je me le dois. Ah, ciel ! m’écriai-je, ma mere eſt inſtruite de vos violences, & elle les approuve ! Non, je ne le ſaurois croire, l’exemple de ma ſœur eſt trop frappant pour qu’elle veuille le renouveller ; pour qu’elle ſouſcrive ainſi au déſeſpoir, à la mort de la ſeule fille qui lui reſte. — Vous ajoutez à vos torts, en doutant de mes paroles, en me ſuppoſant un projet barbare, dont vous ne feignez de vouloir diſculper votre mere, que pour le rendre plus odieux… Madame, n’exagérez rien : on ne veut point votre mort, mais votre correction. Loin de chercher à venger nos injures, par une retraite abſolue, nous vous laiſſerons une porte ouverte au retour… Je vais vous conduire en un lieu où vous pourrez vous livrer à d’utiles réflexions, acquérir la raiſon, les vertus qui vous manquent, & qui vous redonneront, dans la ſuite, quelque droit à notre indulgence… Ne réſiſtez point, une eſclandre rendrait votre cauſe