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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/77

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la mort du Baron nous laiſſe à remplir. Je compte aſſez ſur l’affection des perſonnes qui ſont ici, pour être perſuadé que je ne partirai pas ſeul. On ſe regarda, on ſe devina ſur l’indiſpoſition de ma mere. Hommes & femmes s’offrirent d’accompagner M. de Rozane ; il accepta l’offre des hommes, & remercia les femmes, pour éviter les embarras & les lenteurs.

Mon commiſſionnaire n’étoit pas encore revenu, lorſque le bruit des voitures ſe fit entendre : il me cauſa un tel friſſon, une telle palpitation de cœur, que je parus dans un état digne de pitié ; la crainte de voir ma mere, en étoit la cauſe : on l’attribua à tout autre ſentiment : j’en reçus des éloges qui m’humilierent, & qui pourtant me firent plaiſir, parce qu’ils prouvoient que mon aventure n’avoit point tranſpiré.

Après m’avoir excuſé l’abſence de Madame de Rozane, autant bien qu’il le pouvoit, & beaucoup mieux qu’il n’en étoit beſoin, le Marquis paſſa chez Murville pour examiner la nature du coup dont il avoit été frappé. Aſſuré qu’aucune main étrangere n’avoit pu le porter, il fit approcher ceux qui l’avoient ſuivi. Vous voyez, leur dit-il, que rien n’eſt équivoque dans ce malheur ; mais il ne ſuffit pas que nous en ſoyons convaincus, il faut que la vérité du