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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/76

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Le Marquis l’envoya dans le ſallon, répéter ce qu’il venoit de dire, & demanda à ma mere ſur quoi eſt fondée l’épithete dont elle avoit apoſtrophé ſon fils & moi ? Revenue à elle, ne voulant plus mettre au jour le deſſein de Murville, inconnu au Marquis, à tout le monde, & dont moi-même je ne devois être informée que très-imparfaitement, elle battit ſi bien la campagne, que le Marquis n’en put rien tirer.

Jugeant une plus longue diſcuſſion inutile, il lui parla du voyage d’Aulnai, comme d’une choſe qui n’étoit pas faite pour être miſe en queſtion : elle acquieſça ſans héſiter ; … mais une attaque de nerf en décida autrement.

Vous ſavez à préſent toutes les circonſtances du malheur qui vient d’arriver, dit le Marquis, en rentrant. Pour moi, j’ignore ce que ſignifioit le premier mouvement de ma femme : elle ne veut pas s’en expliquer, & je ne crois pas néceſſaire de l’y contraindre. Peut-être, quelque tracaſſerie de ménage, dont elle étoit informée, jointe au peu d’amitié que Murville avoit pour mon fils, lui ont d’abord fait voir les objets ſous un aſpect très-différent du vrai. Quoi qu’il en ſoit, une indiſpoſition ſubite l’obligeant de ſe mettre au lit, elle me charge de la remplacer dans les triſtes devoirs que