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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/80

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d’éloigner d’elles une fille dont la préſence décele trop leur âge. On ne peut tirer un meilleur parti que vous l’avez fait, du propos léger de votre femme, pour enflammer le reſſentiment de ſa mere ; la maniere dont vous me rendez cela, eſt admirable ! Elle peint au naturel la fiere Marquiſe, qui prétend qu’on doit être aveugle & muet ſur ſon compte… Achevez donc le plutôt poſſible votre déſagréable voyage ; mettez votre folle à portée de faire d’utiles réflexions, venez recevoir de l’amour, un dédommagement à l’ennui que vous éprouvez… Mais Dieu ! puis-je deſirer votre retour, en penſant à ce qui le ſuivra ? Je ſais à quoi l’honneur vous engage, que Rozane a comblé au bal, la meſure de ſes outrages ; qu’il faut du ſang pour les laver. Si le vôtre alloit ſe répandre !… Si la ſource de mes larmes s’ouvroit pour jamais !… Ah, mon ami ! pardonnez-moi ces tendres inquiétudes. La valeur & l’adreſſe ne ſont pas de ſûrs garants de la victoire : elle eſt quelquefois l’ouvrage du hazard. Je peux trembler ſans vous faire injure ; mais ne craignez pas que je porte mes craintes juſqu’à tenter de vous déſarmer ; juſqu’à vouloir dégrader ce que j’aime, en lui faiſant ſacrifier une juſte vengean-